LA FORTUNE DES ROUGON (1871)
La Genèse - La Fortune des Rougon - La Curée - Le Ventre de Paris - La Conquête de Plassans - La Faute de l'abbé Mouret - Son Excellence Eugène Rougon - L'Assommoir - Une Page d'Amour - Nana - Pot-Bouille - Au Bonheur des dames - La Joie de Vivre - Germinal - L'Oeuvre - La Terre - Le Rêve - La Bête Humaine - L'Argent - La Débâcle - Le Docteur Pascal - L'arbre généalogique
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"Voici maintenant le plan du premier épisode, qui aura pour cadre historique l'insurrection du Var, en décembre 1851, et qui sera intitulé
LA FORTUNE DES ROUGON
Ce roman sert d'introduction à toute l'oeuvre. Il montre certains membres de la famille dont je veux écrire l'histoire, au début de leur carrière, fondant leur fortune sur le coup d'Etat, comptant sur l'Empire qu'ils prévoient pour contenter leurs appétits.
Cet épisode a surtout quatre grandes figures qui ne reparaîtront plus dans les autres récits : l'aïeule, tante Dide, la souche dont sont issus les principaux personnages de la série ; ses deux fils, l'un légitime, Pierre Rougon, l'autre illégitime, Antoine Machard, et un de ses petits-fils, Silvère.
L'aïeule est la haute personnification d'un tempérament, d'un état physiologique particulier se propageant et se distribuant dans toute une famille. Les trois autres héros, outre leurs caractères héréditaires, offrent trois états de l'idée politique :
Pierre Rougon est le conservateur qui cherche surtout à tirer des événements un profit personnel et qui ne recule devant aucun moyen pour fonder sa fortune et celle de ses enfants sur le nouvel Empire. Antoine Machard est le fainéant, l'envieux que sa paresse jalouse et impuissante a jeté dans une fausse et honteuse démocratie ; Silvère, au contraire, l'énergique enfant de dix-sept ans, la belle et ardente figure de tous les enthousiasmes de la jeunesse, est l'âme même de la jeune République, l'âme de l'amour et de la liberté.
Je plierai le cadre historique à ma fantaisie, mais tous les faits que je regrouperai seront pris da,s l'histoire (livres de Ténot et de Maquan, journaux de l'époque, etc.)
Je prendrai à la très curieuse insurrection du Var ses détails les plus caractéristiques et je m'en servirai selon les besoins de mon récit (...)"
Emile Zola
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RESUME DU ROMAN
out commence avec Adélaïde Fouque, fille unique d'une famille de paysans possédant des terres en bordure de la ville de Plassans (cette ville imaginaire ressemble en de nombreux points à la ville d'Aix où Zola a passé une grande partie de sa jeunesse). A l'âge de 18 ans, elle devient orpheline à la suite de la mort de son père, causée par la folie, et se marie quelques temps après avec Rougon, un jardinier illettré dont elle a un fils l'année suivante : Pierre. Le malheur la poursuivant, elle perd son mari et prend alors pour amant Macquart, un contrebandier ivrogne et brutal. Elle lui donne deux enfants : un fils, Antoine et une fille, Ursule. Etant gagnée peu à peu par la folie héréditaire de sa famille, ses enfants sont livrés à eux-mêmes et grandissent à demi sauvages.
Cependant, avec l'âge les caractères des trois enfants vont diverger sensiblement. Pierre devient un homme calculateur, rusé et met tout mettre en œuvre pour écarter de l'héritage familial son frère et sa sœur, devenus des étrangers pour lui. Il force habilement sa mère à vendre les terres et touche seul la somme de la vente. Dès lors, il s'installe à Plassans et épouse Félicité Puech, la fille d'un commerçant d'huile d'olive, qui n'a qu'une envie : réussir et faire fortune.
Pierre et Félicité prennent la relève à la tête du commerce d'huile, mais ne parviennent pas à en tirer la fortune escomptée. Loin d'abandonner ses ambitions, Félicité reporte ses espoirs sur ses cinq enfants, et plus particulièrement sur ses trois fils :
- l'aîné, Eugène, étudie le droit et travaille, sans passion, au palais de justice de la ville. Toutefois, son esprit puissant et tortueux l'entraîne à attendre les événements qui le conduiront au pouvoir.
- Aristide, le cadet, possède la même passion que sa mère : celle de l'argent. N'ayant pas achevé ses études de droit, il trouve cependant un emploi qui lui laisse l'entière liberté de dépenser le peu d'argent que sa femme lui a apporté lors de son mariage.
- Pascal, le second, se détache complètement de ses frères mais également de ses parents. Grâce à ces grandes capacités intellectuelles, il devient médecin mais exerce gratuitement, au grand désespoir de sa mère. Passionné par la recherche, il s'attache à étudier le problème de l'hérédité : il prend alors comme modèle sa propre famille.
La vie de Pierre et de sa famille va être bouleversée à la suite de la révolution intervenue à Paris. En effet, les Rougon vont devenir "leader" du mouvement conservateur qui s'installe à Plassans, dans le but de conquérir, enfin, le pouvoir. Au même moment, Pierre voit revenir son frère accompagné d'une femme et de trois enfants, Lisa, Gervaise et Jean. Ce frère, dont il se croyait débarrassé à jamais, ne veut qu'une chose : se venger du vol dont il a été victime et ce à l'aide d'un chantage. Voyant son plan échoué, Antoine adopte une autre stratégie en ralliant la cause Républicaine
Aristide et Eugène profitent également de la situation pour assouvir leurs ambitions : le premier devient démocrate et le second entre dans l'espionnage pour le compte des bonapartistes. Il n'oublie pas de communiquer les informations recueillies à son père. C'est en interceptant une des ces informations que Félicité change ses plans et adhère à la cause napoléonienne avant le coup d'état du 2 décembre 1851.
Une confrontation entre bonapartistes, menés par Pierre, et républicains, menés par Antoine, tourne en faveur du premier qui se voit remettre la Légion d'honneur. Quant au second, il est obligé de fuir la France pour sauver sa vie.
Dans ce roman se déroule parallèlement une autre histoire : celle de Silvère et de Miette.
Silvère, orphelin à cinq ans après la mort de sa mère et le suicide de son père, est "élevé" par sa grand-mère Adélaïde. En devenant un homme, il épouse les causes de la République non pas par calcul, mais par enthousiasme. Il découvre également les prémices de l'amour aux côtés de la jeune et belle Marie Chantegreil, dite Miette. Les deux jeunes gens partagent les mêmes convictions et rejoignent les rangs de l'armée paysanne. C'est là que Miette trouve la mort lors d'une confrontation avec les partisans de Louis Napoléon. Silvère la rejoint dans la mort, abattu d'une balle en pleine tête, quelques heures avant la victoire de Pierre et de Félicité.