LE DOCTEUR PASCAL (1893)  

 

La Genèse - La Fortune des Rougon - La Curée - Le Ventre de Paris - La Conquête de Plassans - La Faute de l'abbé Mouret - Son Excellence Eugène Rougon - L'Assommoir - Une Page d'AmourNana - Pot-Bouille - Au Bonheur des dames - La Joie de Vivre - Germinal - L'Oeuvre - La Terre - Le Rêve - La Bête Humaine - L'Argent - La Débâcle - Le Docteur Pascal - L'arbre généalogique

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"Je voudrais, avec le Docteur Pascal, résumer toute la signification philosophique de la série. Je crois y avoir mis, malgré le noir pessimisme qui s'y trouve, un grand amour de la vie, en exaltant continuellement la force. J'ai aimé la vie, j'en ai montré l'effort continu avec passion, malgré tout le mal, tout l'écœurement qu'elle peut contenir. Et c'est cela que je voudrais tirer peut-être de celle conclusion ! je ne me suis pas plu à ces tableaux, je ne les ai pas étalés par perversion, mais pour montrer bravement ce qui est, pour arriver à dire que malgré tout la vie est grande et bonne, puisqu'on la vit avec tant d'acharnement " (...)

Extrait de l'ébauche du roman

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Toast porté par Zola lors du déjeuner du 21 juin 1893

au Chalet des Iles sur le lac du bois de Boulogne

pour célébrer l'achèvement des Rougon-Macquart

Merci, mon vieil ami, merci de tout mon cœur. Je suis extrêmement touché de la belle fête que vous nous donnez et des paroles si aimables que vous venez de m'adresser. Vous m'offrez une fête, mon vieil ami, mais c'est presque moi qui pourrais vous en offrir une, car c'est en quelque sorte nos noces d'argent que nous célébrons aujourd'hui.

Il y a vingt et un ans, Messieurs, que si je n'ai pas cessé de produire, Charpentier de son côté n'a pas cessé de publier. Cette fête qu'il me donne, je pourrais la lui donner. Il y a vingt et un ans, mon ami, que nous nous connaissons. Je crois qu'il n'y a pas de traité passé entre nous. Ce traité qui existait dès le début, a été modifié bien des fois par votre amabilité, et à moi, qui ne vous ai rien demandé, vous avez tout donné.

Aujourd'hui, ce n'est pas un éditeur et un auteur, ce sont deux amis simplement qui sont en face l'un de l'autre. Et, messieurs, je voudrais que cet exemple fût surtout donné à la jeune génération. Autrefois, les éditeurs et les auteurs étaient comme deux êtres ennemis qui se dévoraient. Actuellement encore peut-être cela existe-t-il, mais enfin, entre nous deux, cela n'a jamais existé, et comme je le disais tout à l'heure je crois qu'il n'y a pas de traité entre nous ; il y a des paroles qui valent selon l'amitié.

Je voudrais aussi dire un mot d'amitié à M. Fasquelle qui est entré dans ce ménage qui est maintenant un ménage à trois. Maintenant, je n'ose pas dire que nous aurons plus tard nos noces d'or, mais si nous pouvons vivre, peut-être un jour verrons-nous dans vingt-cinq ans célébrer encore cette fête.

Maintenant, messieurs, je voudrais vous remercier tous. Il y a ici d'abord de vieux amis, de vieux compagnons de lutte ; tous n'y sont pas peut-être : l'éloignement, la maladie ont pu empêcher quelques-uns d'y venir. Mais je sais que leur cœur est avec nous, et ces vieux amis je les remercie de tout mon cœur.

Je n'oublie pas la presse, à la fois l'éducatrice et la dispensatrice de la gloire ; je lui dois énormément. Je n'ignore pas qu'elle ne donne pas le talent, mais elle donne la renommée, ce qui est beaucoup. Cette presse m'a fait le plus grand cadeau qu'elle pouvait me faire, en étant dans le commencement très sévère pour moi, et je l'en remercie, parce que toutes les fois que je la vois louer quelqu'un dès le début j'ai très peur pour ce quelqu'un. Je crois que quand elle aime, elle doit être sévère, et qu'il n'y a pas de plus belle vie artistique que celle qui commence parmi les sévérités et qui finit en voyant tout le monde lui reconnaître quelque talent et célébrer enfin son triomphe.

Evidemment, la presse m'a beaucoup aidé, et je la remercie ici dans ses directeurs, dans ses rédacteurs, dans ceux qui ont voulu se joindre à nous.

Puis il y a les artistes des théâtres. Le théâtre est une pauvre chose en lui-même, mais s'il a pu avoir quelque succès, il le doit surtout aux artistes, et je les remercie infiniment. Je parle du théâtre de moi ; mais il y a eu des pièces en collaboration, avec Busnach, par exemple, qui ont été très loin ; je remercie mes collaborateurs et les artistes qui ont pu faire quelque chose de bien de toutes ces pièces qui n'étaient pas grand-chose.

Je vous remercie sincèrement, mon vieil ami Charpentier, je vous remercie, tous du fond du cœur. Je reviendrai à ma vie. Je reviendrai à ma vieille marmotte, et s'il faut boire à quelque chose je boirai au travail. Il y a une école socialiste qui réclame le droit à la paresse. Il faut travailler selon ses forces, et, si vous le voulez bien, nous boirons aussi à la paresse, mais lorsqu'on aura beaucoup travaillé et qu'on aura acquis le droit de se reposer.

L'Echo de Paris, 23 juin 1893

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RESUME DU ROMAN

Pascal, le second fils de Pierre et de Félicité, est médecin. Il a consacré toute sa vie à l'étude des lois de l'hérédité au sein des familles et notamment, au sein même de la sienne. Il vit à Plassans où se trouve encore sa mère âgée de 80 ans. Celle-ci se bat pour que le nom des Rougon soit gravé sur un monument. De plus elle exècre les recherches de son fils sur sa famille, ce qui réveille en elle toutes les tares qu'elle voudrait à jamais effacer.

Pascal vit dans sa maison qui porte le nom de "La Souléïade", en compagnie de sa servante Martine et de sa nièce Clotilde, la fille d'Aristide. Celui-ci l'avait éloignée de lui lorsque sa femme Angèle mourut.

Clotilde apporte la jeunesse et la beauté dans la maison de son oncle dont elle tient le secrétariat. Eduquer par Martine en ce qui concerne la religion, Clotilde émet des oppositions. De plus Félicité incite sa petite fille à détruire les dossiers de Pascal invoquant les risques de représailles divines.

Petit à petit Clotilde exprime son désir de s'unir charnellement à son oncle. Elle le supplie de brûler son passé, son travail afin de s'ouvrir à une existence nouvelle. Terrifié Pascal plonge dans la paranoïa : il ne dort plus de peur qu'on lui détruise son travail, il rôde dans sa propre demeure. De plus l'image de Clotilde commence à l'obséder et il finit par succomber au désir qui l'envahit, non sans avoir essayé de la jeter dans les bras d'un autre.

Ils vivent alors leur amour au grand jour au désespoir de Félicité et de Martine. Cet amour intense vacille lorsque Pascal ne parvient pas à donner un enfant à Clotilde. Il se réfugie alors dans le travail et cède à sa mère qui le harcèle pour éloigner Clotilde en l'envoyant à Paris. Au cours de cette séparation, Pascal découvre que la fin de sa vie est proche tandis que Clotilde apprend sa grossesse. Annonçant cette nouvelle à Pascal, ce dernier complète l'arbre généalogique de sa famille avant de succomber. Pendant ce temps Félicité met à exécution ses menaces : elle brûle l'ensemble des dossiers de son fils, le tuant en quelque sorte une seconde fois à travers son travail.

Quelques mois plus tard Clotilde met au monde un garçon et décide de vivre à "La Souléïade".